dimanche 16 décembre 2007

Thomas Demand, Cy Twombly, Mark Dion et...Paul-Armand Gette!




Samedi, petite virée dans Chelsea, quartier des galeries d'art contemporain, comme de temps à autre. Les espaces sont beaucoup plus spacieux que les cages à lapin du Marais, et les expos sont donc plus ambitieuses. Les sols de béton ciré s'étendent à perte de vue - Maman tu serais-seras verte de jalousie.
A la galerie 303, Thomas Demand expose 9 photos qui forment la série Yellowcake, du nom d'une forme d'uranium qui enrichi peut servir à la fabrication d'armes nucléaires. Les services secrets italiens auraient volé à l'ambassade du Niger à Rome un dossier documentant la vente du Niger à L'Irak de tonnes de Yellowcake, puis l'auraient vendu aux services secrets britanniques et américains. Le dossier se révélera être un faux. Thomas Demand a reconstitué la scène du vol à l'ambassade du Niger et l'a photographié avec une précision extrême. Au lieu du désordre irréfléchi occasionné par un vol, les objets s'organisent en une composition inflexible.
Je n'ai eu que 10 secondes pour admirer les peintures récentes de Cy Twombly rassemblées dans l'exposition "A Scattering Of Blossoms and Other Things" à la galerie Gagosian mais j'ai été fortement impressionnée. J'ai reconnu les grands bourgeons peints dans des couleurs vives et d'un trait large et expressif, présentés cet été à la collection Lambert en Avignon. Dans cette espace magnifique, les fleurs se reflètent sur le sol. Leur image est ainsi redoublée et troublée, et cet effet de miroir renforce leur impact sur le spectateur. De la fonction du béton ciré!
Enfin, j'ai été frappée par l'installation multimédia de Mark Dion présentée à la galerie Tanya Bonakdar. En collaboration avec le musée d'histoire naturelle de Londres , l'artiste a collecté et classifié tous les organismes vivants proliférants autour des tombes de Karl Marx, de la sufragette Emmeline Pankhurst et de Thomas Henry Huxley. Il utilise le nom latin des plantes issus de la classification établie par Carl von Linné au 18e siècle. Ainsi, l'artiste interroge par quels moyens connaissons-nous le monde ; il démontre le rôle clé du 18e et du 19e siècle dans la constitution du savoir scientifique ; il souligne comment la nature devient culture, et rappelle que ces systèmes de classification sont à la racine du concept de musée...Autant de pistes que Paul-Armand Gette explore depuis les années soixante! L'installation de Mark Dion, The Natural History of the Museum, a été produite pour célébrer les 300 ans de la naissance de Linné par le musée londonien. Je trouve ça évidemment étonnant qu'il n'ait pas demandé à Paul-Armand Gette, qui est aussi fin connaisseur que traducteur de Linné d'intervenir...Mais je comprends une fois de plus la puissance du marché et des conflits d'influence sur la production artistique.

La neige




La neige est devenue en l'espace de quinze jours un élément du décor new-yorkais. Le campus du Sarah Lawrence est recouvert d'une épaisse couche blanche. C'est très joli mais vraiment pas pratique. Seules les routes sont dégagées, et les absences de trottoir sont devenues des amas de neige verglacée. Entre les voies piétonnes et la chaussée, il y a de grandes rigoles grises de neige fondue. Je suis trop petite pour les enjamber, donc je patauge allègrement. Il faudrait que je me résolve à m'équiper de snow boots mais mon sens de l'élégance bien français me retient (- genre). Chaque trajet me prend désormais deux fois plus de temps car je médite chaque pas, histoire de pas perdre figure devant mon univers d'adoption en me ratatinant la face devant la bibliothèque. Sarah Lawrence a mis en place un système d'alerte. Si la neige se fait glace et gêne la circulation, il n'y a cours qu'entre 11h et 3h et les élèves sont prévenus par mail ou texto.
A New York, la neige se transforme presque immédiatement en fine bouillie un peu grise par endroit, c'est pas jojo. Mais, Central Park est gorgeous dans ses habits de neige, et on est prêt à tout supporter pour ce spectacle.

Williamsburg




Je me promettais depuis longtemps de visiter Williamsburg, quartier de Brooklyn dont chaque habitant est plus hipster que tous les étudiants du Sarah Lawrence réunis. C'est une zone très accessible grâce à la ligne L du métro. Bedford Avenue, axe autour duquel s'organisent tous les restaurants, cafés et boutiques, est la première station après l'East River.
Williamsburg n'est pas bien glamour de loin. Le quartier est constitué de petits immeubles et maisons en briques. Dès qu'on sort un peu des artères principales, les avenues désertes sont bordées d'entrepôts désaffectés - qu'attendent les hipsters pour les transformer en lofts? Mais l'aspect plutôt revêche du quartier est adouci par la trentaine de boutiques bobo qui le peuplent. Beaucoup sont des friperies qui proposent aussi des bijoux et vêtements de créateurs - est-ce une stratégie pour mieux vendre une paire de boots crottés à 150$? Tous ces vêtements et accessoires branchés m'ont fait envie, mais j'ai été sensible au destin de Williamsburg, ancienne zone industrielle s'étirant mélancoliquement le long de l'East River, devenue en l'espace de quelques années un temple du shopping.

Bagels


Je me plains beaucoup de la nourriture américaine - fade, sucrée, grasse, assertive - mais en quatre mois j'ai tout de même développé une addiction aux "bagels". Ce sont des petits (relativement) pains en forme d'anneau à la texture très ferme, plongés dans l'eau bouillante avant d'être cuits au four. Ils sont nature, au sésame, au pavot, aux oignons, à la canelle et aux raisins. On les coupe et deux tranches et on les mange frais ou toastés, accompagnés de beurre, cream-cheese, peanut butter...ou encore fourrés de saumon, jambon, fromage, crudités, cream-cheese au tofu...Selon les circonstances.
A New York, on trouve des bagels délicieusement rebondis et frais. A la cantine du Sarah Lawrence, les bagels sont généralement secs mais ce n'est pas ça qui m'arrête. Les "restaurants" de Sarah Lawrence sont gérés par une entreprise extérieure, Flick, contre qui tous les étudiants s'indignent: les produits sont mauvais et les prix exhorbitants. Tous les employés de Flick sont d'origine latino. Ils ont des horaires de travail très lourds et sont maltraités par les managers, selon quelques récits parus dans les journaux étudiants ou quelques confidences recueillies ici et là.
Entre eux et moi c'est une histoire compliquée faite de malentendus. Samedi matin, un scénario joué mille fois se répète: je demande un "plain bagel, toasted, with butter". J'ai beau retourner le mot "butter" dans tous les sens, la serveuse ne me comprend pas. Alors, comme d'habitude, je pointe avec le plus de précision possible l'ingrédient à la texture jaune et graisseuse qui se trouve devant elle. C'est comme ça que je me suis retrouvée avec comme petit déjeuner un bagel with mayonnaise.

samedi 8 décembre 2007


Grand Central, par où j'arrive à Manhattan et par où je le quitte, est un de mes lieux préférés à New York. Malgré son agitation, je m'y sens toujours sereine et protégée. Il y a un marchand de journaux avec des magazines français - on y trouve le Voici d'il y a trois semaines. On peut aussi manger du cheesecake en attendant son train. Mais ce sont surtout l'espace du hall principal, les hauts murs aux moulures art déco et le plafond turquoise sillonné de dorures qui me plaisent. Et les drapeaux américains qui tombent avec majesté sont très convaincants. Pour Noël, des motifs kaléïdoscopiques sont projetés sur les murs et quand j'y suis passée vendredi soir, une musique assez entraînante couvrait le brouhaha habituel. Donc c'est très joli et je veux vous en faire profiter.

Aujourd'hui, journée shopping dans SoHo bondé, folie consumériste de Noël oblige. Nous passons devant la vitrine d'Agent Provocateur où à ma grande frayeur les mannequins en sous-vêtements très noirs et très habillés se mettent à onduler. Ce sont de vraies personnes.
Je lance à Chloé, aussi fort que n'importe quel horrible Français qui se croit incognito à New York, "C'est une fille où un homme??" (Les jeux de lumière suggéraient une ombre de barbe sur sa joue). Un homme dans la foule répond, un peu accablé: "C'est une fille."
Je suis restée toute bouleversée de ces femmes nues dans une vitrine. Les mauvais souvenirs du quartier rouge d'Amsterdam ressurgissent. Je note quand même que c'est une tendance marketing forte à New York. Un mannequin homme torse nu se tenait dans l'entrée d'Abercrombrie & Fitch sur la Cinquième Avenue avant que le froid ne le chasse (bon plan dégoté par Clotilde).

dimanche 2 décembre 2007

Dick Cheney

Hier soir j'ai suivi le trajet habituel et compliqué pour rentrer de New York jusqu'à chez moi. J'étais prête à toutes les contorsions pour éviter de marcher dans le froid. Donc : train depuis Grand Central, Shuttle jusqu'à Sarah Lawrence et Student Shuttle pour traverser le campus jusqu'à Hill House où je vis. Le Student Shuttle est comme d'habitude conduit par un étudiant qui fait des navettes toute la nuit. Son meilleur copain lui tient compagnie. Ils nous annoncent tout de go que Dick Cheney est mort il y a une demi-heure d'une attaque cardiaque (il était environ minuit trente). Ils l'ont appris sur cnn.com. Je suis assez sceptique puisqu'ils sont censés faire des allers-retours sur le campus en écoutant du heavy metal depuis quelques heures. Mais devant l'enthousiasme général, l'atmosphère de fête créee par cette nouvelle, qui se répand à grande vitesse, je cède à la joie du moment. Une fois chez moi j'ai ratissé l'internet en quête de confirmation...quel beau canular!
Aujourd'hui il neige.

mercredi 28 novembre 2007

La skyline de Chicago





Le centre ville de Chicago s'appelle the Loop. Il est constitué de gratte-ciel plus ou moins hauts qui forment un environnement très dense. Quand on s'y promène, on s'y sent un peu opressé. Les rues sont sombres et le vent s'y engouffre. De loin, ces buildings dessinent une skyline très élégante. L'observatoire qui se trouve au sommet de la Sears Tower offre un autre très beau point de vue.
C'est une des tours les plus hautes du monde. Elle a été détrônée par les tours Petronas de Malaisie et Taipei 101 à Taïwan - mais tout dépend de la façon dont on mesure la hauteur du gratte-ciel, incluant les antennes ou non, prenant comme critère le dernier étage habité...
La visite de la Sears Tower, du nom d'une grosse entreprise de quincaillerie/bricolage, est un des tops touristiques. Le flux des visiteurs y est parfaitement maîtrisé. Il faut patienter sans cesse d'un ascenseur à l'autre, d'une queue à l'autre. Un petit film obligatoire exalte le triomphe de Sears et des architectes Owen and Merrils, ainsi que leur amertume d'avoir perdu le record mondial. L'observatoire est décevant car il est vitré, et les vitres sont sales.

Oak Park







Clotilde et moi avons séjourné dans la famille de Tim, un ami de Sarah Lawrence, à Oak Park. C'est une banlieue cossue à l'Ouest de la ville, bien reliée par le métro. Hemingway y a grandi. Il est certain que son oeuvre s'est construite en réaction à l'esprit très étroit et religieux d'Oak Park en ce temps-là. Désormais, Oak Park est très majoritairement démocrate et écolo, plus aucun génie littéraire n'y verra le jour (à part Tim évidemment).
Oak Park abrite aussi l'ancienne demeure et bureau de Frank Lloyd Wright, l'architecte américain fondateur du style Prairie et de bien d'autres inventions formelles et conceptuelles. En visitant son atelier et le quartier voisin, on apprend que Frank Lloyd Wright a rompu avec le style victorien, tout en verticalité, au profit de maisons horizontales qui épousent le plat de la plaine de l'Illinois. L'ancrage des maisons dans le plan du sol est renforcée par des charpentes et des gouttières épaisses, ainsi que par des "rubans" de fenêtres ornées de motifs tantôt végétaux, tantôt géométriques. Par ces nombreuses fenêtres et un jeu d'ouvertures complexe, Frank Lloyd Wright entend supprimer la frontière entre l'extérieur et l'intérieur de la maison. La façade doit refléter l'organisation intérieur de l'espace. L'intérieur est entièrement pensé, depuis la disposition des pièces en passant par les meubles jusqu'aux tenues de la maîtresse de maison si celle-ci n'a pas assez de goût. Certains fauteuils à l'architecture très élancée et rigide n'ont pas l'air du tout confortables. Le style prime avant tout. Les maisons Wright d'Oak Park ont été construites au début de sa carrière. Elles sont encore très traditionnelles tout en reflétant l'émergeance du style Prairie.
Nous avons également visité Robie House, autre maison conçue par Wright, aux abords du campus de l'université de Chicago. Durant toute la visite, le guide n'a cessé de souligner les défauts de conception de la maison: elle est glaciale en hiver, les eaux de pluies gèlent sur le balcon... A la fin, j'ai pris mon courage à deux mains pour demander naïvement pourquoi malgré toutes ces erreurs qui rendent la maison inhabitable, Wright est considéré comme un grand architecte. Le guide a pris ma question comme une insulte personnelle.

Deep dish pizza



Chicago se découvre aussi en mangeant. La "deep-dish pizza" est une pizza à la pâte très épaisse dont la consistance ressemble plus à celle d'une quiche que d'une pizza italienne à pâte fine. Il y a une quantité de fromage fascinante et le tout est pas mal du tout. C'est le plat idéal pour survivre dans le rude climat de la ville. Je sais désormais que les pizzas hut et autre domino's ne sont que de mauvaises imitations de la pizza de Chicago.

mardi 20 novembre 2007

Social Security Number

J'ai enfin signé le contrat officialisant mon poste d'assistante du prof de cinéma - et me permet d'être payée! A cette occasion j'ai découvert que j'avais besoin d'un "Security Social Number" - oui Morgan je me souviens que tu m'avais recommandé de m'en occuper dès mon arrivée. Ne me demandez pas à quoi correspond ce numéro. Je crois que c'est juste une immatriculation qui permet de travailler.
Mon réflexe était évidemment de prendre le bus jusqu'aux bureaux de la Sécurité Sociale à Yonkers. J'oubliais que les élèves du Sarah Lawrence sont habitués à un standing différent. Le service des étudiants internationaux a suggéré que je prenne un taxi et promis de me rembourser la course jusqu'à Yonkers downtown. J'ai quand même été estomaquée quand le chauffeur après m'avoir parlé pendant un court quart-d'heure de son amour niçois de 1960 - "Odette...What a body!" - me réclame 30 $. Idem au retour.
Cette virée à Yonkers m'aura permis de découvrir l'autre visage du Wetchester County. Ici, contrairement à Bronxville, pas de maisons à colombages dans un style néo-médiéval ou de sacs Prada. Il y a soudainement beaucoup plus de Noirs et de Latinos dans le paysage. Des hommes jeunes et âgés traînent dans la rue - chômeurs?
A la Social Security Administration j'ai passé un aussi mauvais moment que lorsqu'on attend 1/2 h dans n'importe quelle administration française - rien d'exotique de ce côté. J'ai juste été traitée avec encore moins de respect. Ma Frenchness fut interprétée comme une idiotie naturelle. J'aurais tout de même fait de super bonnes affaires dans un magasin de chaussettes voisin. 99 cts la paire qui dit mieux?

dimanche 18 novembre 2007

D'autres photos de l'aviron




Thanksgiving


Dans deux jours, c'est "Thanksgiving Break". Beaucoup d'élèves rentrent dans leur famille, en Virginie, en Pennsylvanie ou dans le Connecticut. Certains traversent le pays pour rentrer en Californie ou dans l'Oregon. D'autres sont déjà à Venise ou à Londres. Une minorité, les élèves internationaux ou ceux qui n'ont pas les moyens, restent sur le campus. L'administration du Sarah Lawrence propose de rembouser jusqu'à 60$ un repas de Thanksgiving organisé entre eux par des élèves qui ne voyagent pas. Apparemment, Thanksgiving cristallise les tensions familiales, comme Noël pour nous. Certains m'ont déjà fait part des drames qui couvent : je déteste la dinde; ma tante en a trois dans son freezer alors que nous ne sommes que six à table; ma mère ne veut pas que j'amène mon copain parce qu'elle pense que ça veut dire que je l'aime plus qu'elle... D'autres évitent les tensions à grand renfort d'organisation: pourquoi ne pas fêter tranquillement Thanksgiving en août quand toute la famille éclatée est rassemblée?

dimanche 11 novembre 2007

Neue Galerie




Aujourd'hui je suis allée à la Neue Galerie avec Mokie. C'est un musée situé dans l'Upper East Side, à deux rues du Met, crée en 2000 par la famille Estée Lauder. Il est consacré à l'art allemand et autrichien. Il a réouvert il y a quelques semaines avec une exposition Klimt. On y voit des documents personnels, des photographies de l'artistes et de son entourage, des meubles et des objets dessinés par Koloman Moser et Joseph Hoffman ayant appartenu à l'artiste. Beaucoup de dessins aussi, très simples, plus naturels que ses peintures. L'érotisme n'est plus larvé mais explicite. J'ai trouvé ça sympathique dans cette Amérique puritaine, bien que l'accès au musée soit interdit aux enfants de moins de douze ans et que les enfants de mois de seize ans doivent être accompagnés d'un adulte.
On peut aussi admirer le portrait d'Adèle Bloch-Bauer, qui a été acheté par le musée pour 135 millions de $ en 2006, soit le prix le plus élevé jamais atteint par une oeuvre d'art.
Le musée abrite aussi une superbe librairie et le café Sabarsky, qui sert des cafés et chocolats viennois et de délicieux gâteaux. Je l'ai joué sobre avec un thé "Vienna 1900", car j'ai vraiment abusé des muffins dernièrement.

Fall Met Champs





Samedi dernier j'ai participé à la dernière course d'aviron de la saison. Les deux dernières semaines précédent la course, ma coach a pété les plombs et elle a organisé des entraînements quotidiens (j'en ai séché quelques uns) et j'étais totalement à bout. Une copine m'avait dit qu'il allait neiger et j'avais tout misé sur une annulation. Mais non. Le temps était favorable, tout juste 0° C et un ciel était bas et lourd comme un couvercle.
Le premier aspect positif est que la course se déroulait à Glen Island, là où nous avons l'habitude de nous entraîner, à juste 20 minutes de route du campus. Le deuxième aspect positif étant que les "Novice women eight" étaient les premières à concourir. A 10h tout devait être fini.
Lors de la dernière course, nous avions eu 10h de pénalité parce que nous nous étions présentées en retard sur la starting line (vu notre piètre performance, nous n'étions plus à quelques centaines de minutes près). A 9h10 alors que le départ était à 9h15, nous étions donc parfaitement positionnées. Quand un des organisateurs s'est mis à hurler dans son haut-parleur "Sarah Lawrence get out of here, you are in the second race!! I want full pressure, get out!!!". Ca commençait bien. Et quand ça a été à notre tour, je n'ai pas compris que c'était le départ jusqu'à ce que la barreuse hurle les ordres habituels "Half stroke!! half stroke!!, three quarters!!, three quarters!!, full stroke!!!!" pour que notre lourd bateau se mette en branle. Ca n'a pas trop mal commencé, nous étions en queue certes, mais neck-to-neck avec l'avant-dernier bateau. Et puis Ashley a "caught a huge crab", c'est à dire qu'elle a perdu le contrôle de sa rame...et puis Viviana a perdu ses chaussures et a commencé à pleurer...(je ne la juge pas, habituellement c'est à moi que ça arrive). Donc c'était fichu, mais c'était fini donc j'étaits trop contente. Ma combinaison short en lycra était trempée, je grelottais, mais la saison d'aviron était finie!!
La suite de la compétition s'est passée à attendre que la varsity (l'équipe des forts) et les hommes passent, en mangeant des burgers et en appréciant la musculature des uns et des autres.
Peut-être vous étonnez vous des piètres performances sportives du Sarah Lawrence, assumées de surcroît. Il faut savoir que les colleges et universités américaines accordent une place énorme aux programmes sportifs, ce qui n'est pas le cas du Sarah Lawrence. La plupart des rameurs qui nous ont battu ont beau être aussi des novices, ils s'entraînent six fois par semaine depuis mi-août et sont pour certains admis dans leurs universités en raison de leurs capacités sportives. Comme moi quoi.

Diwali, Festival of Light


Vendredi dernier j'ai participée à la célébration de Diwali, le nouvel an hindou, sur le campus du Sarah Lawrence College. J'étais invitée par Stuti, une de mes élèves les plus charmantes (elle m'a offert un tapis). La soirée se passait au "common ground", un espace réservé aux minorités. Il y avait de la "free food", ce qui est l'argument indispensable pour faire venir des gens à un évènement. J'ai ramené ma fraise pile à l'heure (je m'américanise) et j'ai été la première à manger des nans et du curry végétarien. Les organisatrices ont ensuite passé quelques extraits de films bollywoodiens pour nous mettre dans l'ambiance - ça a extrêment bien marché. Une étudiante indienne a lu un épisode du Ramayana qui permet de comprendre l'origine de Diwali: après quatorze années d'exil dans la forêt et sa victoire sur Ravana, Rama est acueilli par le peuple d'Ayodhya par des rangées de lumière. La lumière signifie la victoire du bien sur le mal au sein de chaque être humain.
Stuti a mené la cérémonie. Chacun a décrit des cercles dans l'air avec une lampe à huile - après avoir frôlé l'incendie elle a été remplacée par des bâtons d'encens. Puis Stuti a marqué le front de chacun avec de la cire rouge. Il est important de respirer la fumée pour que l'année se passe bien. J'espérais que les effets bénéfiques de la cérémonie tiendraient jusqu'au lendemain - date de la dernière course d'aviron.
En Inde, les gens célèbrent Diwali en portant des vêtements neufs pour symboliser leur renaissance. Ils allument tellement de pétards que le gouvernement a entrepris de lutter contre cette nuisance sonore et chimique par des campagnes de sensibilisation dans les écoles.

dimanche 4 novembre 2007

Bubble Tea


D'après le Lonely planet, le Bubble Tea est un des musts de Downtown. Nous y avons été initiées par Dina, une copine de Sarah Lawrence, au hasard d'une balade nocturne dans l'East Village. Le Bubble Tea se vend surtout dans les restaurants asiatiques. C'est difficile d'analyser avec précision sa composition. Il se présente comme un liquide de couleur pastel. Ce doit être un mélange de thé, de sirop et de lait, dans lequel flottent de nombreuses petites boules de gélatine nature. Dina m'a recommandée le parfum "taro", à l'aspect couleur lavande. Le goût entre la violette et le lait de soja. Au début, j'ai cru que j'adorais et je l'ai sifflé assez rapidement (un peu moins quand même que Dina et sa copine). Peu après avoir affirmé à Clotilde que je pourrai en reboire un demain si l'occasion se présentait, j'ai commencé à me sentir pas très bien, un peu nauséeuse...Les gargouillis m'ont poursuivie jusqu'à Bronxville.

She's back


Cosette est attendue sur Times Square

mercredi 31 octobre 2007

Cloques

Cupcakes




La meilleure boutique de cupcakes de New York se trouve sur Bleecker Street, dans Greenwich Village. A chaque fois que je passe devant il y a autant de monde que chez Marc Jacobs qui se trouve à quelques blocks de là. Hier, la quiétude de l'échoppe nous a permis d'entrer et de nous familiariser avec l'odeur de beurre et les coloris entraînants des cupcakes. Aurélie, contrainte par son statut de touriste, a acheté un cupcake au chocolat avec de la crème nature. Regardez sa mine pendant la dégustation: ce truc est imangeable!

mardi 30 octobre 2007

L'Empire State Building




L'Empire State Building. J'avais longtemps repoussé cette visite car je trouvais ça trop courru...En vérité c'est une étape incontournable dans la découverte de New York. Malignes comme nous sommes, nous avons achetés les billets en ligne ce qui nous a épargné quelques heures (ou minutes, nous ne saurons jamais) d'attente. Une équipe d'agents d'accueil gère les flux de visiteurs étrangers du lobby jusqu'au 86ème étage en passant par le 80ème et la photo sur fond urbain avec un arbitraire et une intuition admirables. L'observatoire croûle sous les visiteurs mais nous avons pu tout de même profiter du panorama, évoluant du jour lumineux vers la nuit scintillante (lol).

Quelques vues du campus en automne...





...et en prime Tim, en train d'ouvrir la Teahaus, salon de thé très coquet géré par des étudiants.




Aurélie est à New York. Dès que je peux echapper aux entraînements d'aviron, Clotilde, elle et moi révisons tous les hits touristiques de Manhattan.

Définition

Pour ceux qui souhaitent comprendre en profondeur la nature du "hipster", voici un article dense et très complet dégoté par Jake...qui lui même correspond pas mal à la définition ;)
http://en.wikipedia.org/wiki/Hipster_%28contemporary_subculture%29

lundi 22 octobre 2007

Colis


Quel ne fut pas mon émoi quand le postier du Sarah Lawrence m'a confirmée que j'avais bien reçu un colis! Après avoir arraché la première couche de papier kraft, j'ai cru que Maman et Clémence avaientt décidé de m'envoyer un appareil électronique me faisant défaut (je ne sais pas lequel car je vis en toute insouciance dans la précarité technologique): l'emballage disait "n°1 en électronique, n°1 en fournitures industrielles". Mais quand j'ai ouvert, un parfum de rose et de menthe s'est répandu dans tout le campus. Le paquet contenait deux sachets de thé, "cassis" et "jardin de mogador", et deux paquets de petits gâteaux aux couleurs acidulés. Ce sont des "patiences", que Sofia Coppola n'aurait pas boudé pour son Marie-Antoinette. Depuis, je ne peux plus m'arrêter de sourire.