vendredi 7 septembre 2007

Le campus




J'ai d'abord pensé à Wisteria Lane lorsque j'ai découvert ce paysage de briques aux toits pointus noyés dans des massifs de fleurs et de vénérables arbres, d'où sont absents déchets, publicités et béton. En voyant cette petite maison ridiculement plantée sur la pelouse nord et les boîtes aux lettres en métal malignement alignées, je me suis crue dans Harry Potter (qui est d'ailleurs programmé ce soir, après Hocus Pocus lundi, The Witches mardi, The Last Unicorn jeudi...vive le cinéma indépendant new-yorkais!!). Et maintenant que je traîne sur le campus d'un rendez-vous avec la French Faculty à une prise de sang au Health Center à Bates à uun meeting pour les "transfer students" où je ne comprends aucune blague, butant toujours sur les mêmes trottoirs et les mêmes visions, j'ai l'impression d'être à Stroumpfland! Le principe du College, qui offre une formation en quatre ans , est d'offrir un univers de transition à l'étudiant arraché de son Oregon ou Maryland natal en attendant la City. Toutes les commodités s'y trouvent: boutique, club de sport, salle de concert, de théâtre, résidences. L'intérieur du campus est un havre de vie saine. Je trouve cette autarcie plutôt étrange à vivre au quotidien. Il manque l'épreuve du trajet, point de contact avec le monde extérieur. Heureusement que Manhattan est à portée pour les plus aventureux!

Manger


Il existe des modes d'alimentation très divers et beaucoup de contradictions diététiques dans ce coin d'Amérique. Au Sarah Lawrence College, beaucoup d'étudiants sont végétariens, et d'autres encore sont des "vegans", c'est à dire qu'ils ne mangent aucun produit d'origine animale (viande, oeufs, lait). Les restaurants du campus proposent donc toujours du tofu et pas mal de légumes. Dans la cantine officielle, "Bates", il y a un salad bar... mais aussi un bar à creams & cakes. On nous a servi jusqu'à présent de la citrouille, des rutabagas et une espèce de courge mystérieuse (pour citer les outsiders). Mais chaque plat est terriblement sucré - j'ai désormais tendance à me replier sur les pois chiche nature. J'ai eu beaucoup de difficulté à trouver l'eau dans la cantine. Elle s'obtient en activant un petit levier caché dans le distributeur de sodas! Des affiches dans le campus invitent à participer à un concours d'absorption de jelly et de confection de cupcakes personnalisés. Dans les supermarchés, tous les paquets sont énormes...sauf les yaourts :(...alors que le rayon fruits et légumes indique avec humilité le nombre de lipides et de calories qu'apporte une malheureuse pomme bicolore.

jeudi 6 septembre 2007

Balade dans le Upper West Side




Le quartier qui s'étend à l'ouest de Central Park est essentiellement résidentiel. On y voit de superbes immeubles art déco où des stars vécurent (John Lennon, assasiné en bas de chez lui, Marylin Monroe) mais aussi des sacs poubelles débordants, des Starbucks Coffee, des poussettes à foison...J'aime beaucoup ce contraste entre une architecture magistrale mais délabrée par endroits et ces preuves évidentes de vie quotidienne. La proximité de Central Park rend ce quartier très prisé des familles new-yorkaises. Le Upper West Side se distingue difficilement du Upper East Side pour l'oeil du novice. Toute la différence réside dans le revenu moyen des foyers: 65 000 $ à l'ouest vs 75 000 $ à l'est! Les photos représentent de haut en bas: je ne sais plus; l'hommage à John Lennon à Central Park; une rue où j'aimerais vivre.



Ma roomate



Chloé est l'autre assistante de français et ma roomate. Il y a aussi Meghan qui vit avec nous, mais nos liens ne sont pas encore très forts.

Ma chambre


Le SLC a beau vanter son respect de chacun, voici comment ils dotent leurs assistants. Je ne bronche pas car il paraît que j'ai bien de la chance d'avoir une cuisine (qui fait quatre fois la taille de ma chambre!).

Les hipsters

Du fait de sa pédagogie artistique et libertaire, le Sarah Lawrence College attire des "hipsters" en nombre. Avec mes moyens linguistiques réduits, j'ai compris qu'il s'agissait de personnes affichant leur individualité par des choix vestimentaires tranchés et des attitudes excentriques. En effet, les filles au SLC (qui composent l'essentiel des effectifs) sont hyper-lookées. Elles dosent avec science les accessoires typiques de la décontraction américaine (shorts, lunettes de soleil, mèches blondes, tongs) les robes légères et les sacs luxueux. On voit aussi beaucoup de crinières roses et de gays esquissant une chorégraphie sur la terrasse du pub. On surprend des déclarations d'amitié tonitruantes - il n'est pas de bon ton d'être timide ici. Enfin, une frange sociale très caractéristique du SLC sont les filles-hommes. Seuls les seins indiquent leur sexe tellement elles ont de poils aux pattes. Partout sur le campus sont affichés des tracts incitant au respect des différences et l'université possède un département de "gay, lesbian and transgender studies". Vous reconnaîtrez que cela peut surprendre une sorbonnarde.

La spécificité du Sarah Lawrence College

Sarah Lawrence College est un "liberal arts college" où les étudiants américains se forment pendant quatre ans après l'obtention de leur bac. Il est fameux pour ses cours de théâtre, de dance, de "creative writing", de musique, d'arts plastiques et de cinéma, mais aussi de droit de la santé, de génétique, de science politique, de mathématiques appliqués aux arts...Chaque étudiant compose librement son curriculum. J'ai rencontré nombre de "freshmen" (les premières années) qui ont choisi un cours de philosophie, de "creative writing" et de biologie alors qu'ils se destinent à la médecine. L'équipe du Sarah Lawrence met en avant le respect des intuitions de l'étudiant, le développement de l'esprit critique par les arts et le suivi individuel. Ces grands principes sont rabâchés lors de conférences obligatoires au début de l'année. J'attends que les cours commencent pour voir s'il s'agit d'une pédagogie efficace ou d'une stratégie de communication.

Un an au Sarah Lawrence College, New York



En acceptant le poste de lectrice de français au Sarah Lawrence College, situé à Bronxville, je pensais avoir trouvé l'arrangement idéal pour vivre au vert tout en profitant de New York. Je comptais créer un blog pour publier des critiques d'expo, des analyses urbaines...Or, après quelques jours sur le campus du Sarah Lawrence College, je comprends que la réalité à laquelle je serai confrontée quotidiennement n'est non pas Manhattan et son glamour, mais le campus et ses hipsters...réalité éprouvante qui je crois mérite quelques comptes-rendus.
Vous trouverez sur ce blog - si je respecte mes engagements intérieurs - le récit élaboré de ma vie au SLC mais aussi de quelques excursions new-yorkaises.