lundi 25 février 2008

La Fondation Barnes
















La Fondation Barnes est un musée fondé par un médecin entrepreneur fortuné issu des quartiers pauvres de Philadelphie. Très préoccupé par le progrès social et l'égalité entre les hommes quelque soit leur couleur de peau, Barnes a étudié la psychologie, la philosophie et l'art afin de formuler sa propre théorie de l'éducation. Il réduisit le temps de travail de ses ouvriers afin de leur permettre de participer à des groupes de discussion sur les oeuvres qu'il venait d'acquérir. Son désir de faire acceder tous les hommes à l'éducation sans discrimination conduisit à la création de sa fondation en 1922. Le philosophe John Dewey, un ami proche, fut le premier directeur des services éducatifs.
Le bâtiment, dessiné par l'architecte Paul Cret, est entouré d'un vaste arboretum qui sert aussi des visées éducatives. L'ensemble est situé à Merion, banlieue extrêmement aisée de Philadelphie. Sur le trajet entre la gare et la fondation se trouvent de magnifiques maisons en pierre, ainsi que quelques panneaux revendicatifs "The Barnes belongs to Merion". Pour visiter la fondation, il faut réserver son billet d'entrée en avance (soi-disant un mois, mais je l'ai acheté trois jours avant). Bien avant de gagner le musée, nous avons conscience d'arriver dans un endroit plutôt élitiste.
De fait, les autres visiteurs ne ressemblent en rien à la foule habituelle des musées. Plutôt âgés, bien habillés, une connivence semblent les lier. Ils viennent de Philadelphie, et ne sont pas des touristes. Leurs murmures feutrés me donnent l'impression d'être dans un cocktail mondain...et de fait, la platitude de leurs commentaires devant les oeuvres - "It's amazing!" - prouve que visiter la Fondation Barnes n'est pas motivé par un désir sincère de découverte, mais s'apparente à un signe extérieur de richesse. Devant un Soutine, une conférencière s'exclame bruyament devant un public passionné : "Devinez combien Barnes l'a payé? 25$!!".
La Fondation est un ensemble très eclectique. La salle principale donne le ton: une fresque de Matisse (la Danse) s'étale sur les arcades du mur du fond. Ses bleus, roses et noirs et son trait très moderne jurent avec les Renoir ringards qui reviennent comme un leitmotiv dans chaque salle du musée. La présentation actuelle des oeuvres est tellement surprenante qu'elle reflète sans doute les ultimes désirs de Barnes. Les tableaux sont présentés sans logique apparente, en même temps que de nombreux coffres en bois peints, des chaises rustiques très banales, et des objets de ferronerie - dont une pince à bétel mystérieusement accrochée parmi des Matisse et des serrures médiévales. Cet accrochage reflète la volonté de Barnes de supprimer la frontière entre art populaire et art savant. La les salles d'exposition comme la librairie sont dénués de texte, donc nous n'en saurons pas plus (pour le moment).

2 commentaires:

jibé a dit…

la collection des pinces à bétel est d'un commun...

bomgo a dit…

Ce blog manque de fesse ! L'abus de musees est deconseille par le Surgeon General !