dimanche 24 février 2008

Philadelphia Museum of Art






Le Musée d'art de Philadelphie se trouve dans un grand complexe de massifs bâtiments néo-classiques. La frise de style grecque qui orne le bâtiment annexe, en relief et en couleurs, est d'un kisth dément. Le musée présente des collections qui s'étendent de l'antiquité à l'art moderne, sans limites géographiques.
Au rez-de-chaussée se trouve l'aile américaine qui présente un mic-mac de meubles de style Louis XV de seconde main, des ustensiles de cuisine, des peintures un peu maladroites des riches notables du XVIIe siècle de la côte Est, et celle célébrant le passé de Philly - ville de la liberté où fut signé la déclaration d'indépendance. Elle voisine l'aile consacrée à l'art moderne, dont à mon avis les pièces les plus extraordinaires sont celles de Marcel Duchamp, exposées dans la galerie Boulton Stroud/ Rrose Sélavy (la double féminin de l'artiste - Eros c'est la vie). On y voit les deux oeuvres dont les artistes contemporains reconnaissent l'influence, Le Grand Verre et Etant Donnés. Le Grand Verre consiste en deux grandes plaques de verre entre lesquelles se trouvent des figures en vitrail représentant des mécanismes mystérieux ou encore "La mariée mise à nue par les célibataires, même" (d'après le sous-titre de l'oeuvre). Oeuvre énigmatique s'il en est, qui ne va pas sans sa valise de manuscrits explicatifs édités par Duchamp en tirage limité. Etant Donnés est un dispositif de voyeur. Le visiteur est invité à s'approcher d'une grosse porte en bois rustique. A travers deux trous, il distingue le corps - mort? - d'une jeune femme se tenant nue, étendue, les jambes écartées. A l'arrière plan, un mécanisme anime des fontaines riantes. J'avais beaucoup lu sur cette oeuvre mais je ne soupçonnais pas sa grande violence. J'ai aussi aimé les décores muraux de Sol Le Witt, qui redonnent sens à une architecture un peu ratée, et la salle dédiée aux peintures de l'Odyssée de Cy Twombly. A l'étage, la collection d'oeuvres européennes anciennes et d'art asiatique m'a scotchée. On y trouve un cloître roman (enlevé de France et reconstruit, selon la même stratégie que les Cloisters), des linteaux sculptés, des plafonds Renaissance, des cheminées, l'intérieur d'une salle de l'hôtel de Lauzun reconstituée, un salon dessiné par Robert Adam pour un intérieur anglais...Le tout intégré le plus harmonieusement possible aux galeries du musée. Mais un oeil européen ne peut s'empêcher de trouver l'effet un peu grotesque, et de méditer sur le dénuement culturel dans lequel se sentent les Américains, ainsi que sur les miracles accomplis par l'argent. Cependant, j'étais complètement baba devant les temples indiens et chinois présentés au même étage. Ce sont quand même des moyens de connaître physiquement des civilisations disparues ou lointaines, et j'admire l'extravagance toute américaine le musée de Philadelphie remplit sa mission éducative.

2 commentaires:

jibé a dit…

toujours le même débat : où les oeuvres sont le mieux préservées, où seront-elles appréciées ?

jibé a dit…

bien les cy twombly !